Aujourd’hui, aucun spécialiste ne peut affirmer qu’un seul verre d’alcool soit sans risque pour le fœtus. Malgré la préconisation d’abstinence totale pendant la grossesse, 1 femme enceinte sur 5 consomme de l'alcool. Cela peut être à l’origine de troubles importants pour l’enfant à naître, dont à l’extrême le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).
Les risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse sont encore trop sous-estimés. Près de 6 femmes sur 10 ont déclaré avoir été informées des risques de la consommation d’alcool par le médecin ou la sage-femme les suivant ou les ayant suivies mais moins d’un tiers dit avoir reçu la recommandation de ne pas consommer d’alcool pendant la grossesse.
Sur l’ensemble de la population, près d’un français sur 2 déclare connaître le SAF et les troubles causés par l’alcoolisation fœtale et la proportion de ceux qui savent précisément de quoi il s’agit est encore plus faible (1 français sur 5 pour le SAF, 1 français sur 10 pour les TCAF).
En chiffres
- 60 % des femmes qui consommaient de l’alcool avant la grossesse ont arrêté à l'annonce
- 1 femme enceinte sur 3 continue de boire de l'alcool pendant sa grossesse
- 1 enfant sur 1000 est né avec un syndrome d’alcoolisation fœtale complet, et 1 sur 100 souffre ou souffrira de troubles causés par la consommation d’alcool durant la grossesse.
- Actuellement, environ 500 000 personnes souffriraient des conséquences des consommations d’alcool de leur mère.
En Normandie, le diagnostic de syndrome d’alcoolisation fœtale est posé en moyenne pour 28 nouveaux-nés par an.
Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), c’est la conséquence d’une consommation d’alcool pendant la grossesse sur le futur bébé. L’alcool bu par la mère lors de sa grossesse passe dans le sang du fœtus et affecte son développement.
Pendant la grossesse, la consommation d’alcool multiplie les risques de fausse couche par 3 et un accouchement prématuré par 2.
Sur le futur bébé, l’alcool est toxique et affecte son bon développement. Cela peut entraîner des difficultés d’apprentissage, des troubles de la mémoire ou du comportement.
Ainsi en France, près de 500 000 personnes vivraient avec des symptômes variés liés à la consommation d’alcool de leur mère au cours de la grossesse.
Dès les premières semaines de la grossesse, l’alcool consommé par la femme enceinte passe du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta. La concentration en alcool dans le sang du fœtus devient aussi élevée que dans celui de la mère. L’alcool transmis au fœtus est éliminé lentement car son foie est insuffisamment développé.
Pour éviter tout risque pour la santé de bébé, il est recommandé aux femmes enceintes de s'abstenir de toute consommation d'alcool dès le début de leur grossesse et pendant toute sa durée.
Si une femme a consommé de l’alcool, il faut savoir que l’arrêt est bénéfique à tout moment de la grossesse.
-> Si l'arrêt de l'alcool est difficile voire impossible pour certaines femmes enceintes, elles peuvent en parler et être accompagnées par les professionnels de santé qui suivent leur grossesse (médecin traitant, sage-femme, gynécologue…).
BON A SAVOIR
L’arrêt de l’alcool est bénéfique pour le bébé, et la future maman (et le partenaire s'il arrête aussi !) peut également en tirer un bénéfice : diminution du risque de fatigue, de tension artérielle trop élevée, de troubles du sommeil, de problèmes de mémoire ou de concentration, de dépression, ...et on évite la prise de poids liée à l’alcool (l’alcool pur contient des calories et favorise le stockage des graisses)
Tous les alcools sont à éviter. Un demi de bière, un verre de vin, une coupe de vin mousseux ou un verre de rhum contiennent la même dose d’alcool. Soit environ 10 grammes d’alcool pur.
(source : 1000 premiers jours)
L'arrêt de l'alcool peut être difficile voire impossible pour certaines femmes enceintes. Le personnel soignant qui suit la grossesse peut répondre aux questions. Il peut aussi mettre en place un suivi adapté si besoin.
Des équipes spécialisées sont aussi disponibles pour accompagner en toute discrétion et sans jugement les femmes enceintes ayant des difficultés avec l’alcool. Elles peuvent proposer des solutions personnalisées.
Alcool info service au 0 980 980 930 permet aux futures mamans, et à toutes les personnes qui souhaitent parler de leur consommation d’alcool, de bénéficier d’une écoute bienveillante et sans jugement, 7 jours sur 7, de 8h à 2h. Appel anonyme et non surtaxé.
Demander de l’aide n’est pas facile. Mais il faut savoir que diminuer sa consommation quel que soit le moment de la grossesse est toujours bénéfique pour le bébé.
Si les consommations persistent, il est primordial de veiller au suivi de la patiente par une structure adaptée ou des professionnels tels que : gynécologues / sages-femmes référentes ou spécialisées en addictions / maternités ELSA / services hospitaliers d’addictologie / centres périnataux de proximité / PMI / CSAPA / CAARUD / CJC / addictologues libéraux / associations de patients…
Des structures proposant des appartements thérapeutiques pour femmes enceintes existent également.
Le Dispositif d’Appui à la Politique Addiction (DAPA) Normandie recense l’ensemble des professionnels normands compétents en addictologie et périnatalité dans un annuaire disponible sur : https://www.dapa-normandie.fr/annuaire
En région, le DAPA propose des formations sur le repérage précoce et intervention brève (RPIB) déployées dans l’ensemble du territoire. Elles sont accessibles à tous les professionnels de santé sur le site du DAPA : https://www.dapa-normandie.fr/formation-rpib
Le réseau de Périnatalité de Normandie constitué de professionnels travaillant dans la sphère de la naissance a pour but de favoriser l’accès aux soins, la coordination des acteurs entre eux, la continuité et l’interdisciplinarité de la prise en charge des mères et des nouveau-nés.
Alcool et Grossesse - Réseau de Périnatalité (perinatbn.org)
Des difficultés pour aborder certains sujets avec un professionnel de santé ?
Pendant la grossesse, tous les facteurs de stress, tous les usages de produits ou de médicaments psychotropes dont les antalgiques opioïdes peuvent avoir des effets sur la grossesse et l’enfant à naitre. Ils sont donc à rechercher auprès de la future mère. Il s’agit de les aborder comme tout facteur de risque médical.
L'auto-questionnaire du Groupe d'Etude Grossesse & Addiction (GEGA) permet ainsi de faciliter la communication entre des professionnels de la grossesse et les femmes enceintes sur des sujets parfois difficiles à aborder.